Le vaccin contre la grippe aviaire : où en est la France ?

La forme de grippe aviaire que nous connaissons en France a fait son apparition en 2006. Cependant, le virus est devenu particulièrement virulent à partir de 2015. Ainsi, 4 grandes épizooties ont été enregistrées jusqu’à aujourd’hui. La dernière en date est celle de la fin d’année 2021. Pour y remédier, le vaccin s’annonce de plus en plus comme la solution ultime. Alors, où en est la France sur ce sujet ?

Les dangers potentiels de la grippe aviaire

Les épisodes répétés d’épizootie de grippe aviaire présentent quelques dangers potentiels notamment au niveau de la santé des animaux, et à terme celle des humains, mais aussi et surtout sur l’économie française.

Le risque sur la santé des animaux domestiques

Dans le sens où un contact avec les oiseaux sauvages est inévitable, les volailles domestiques sont toujours exposées à l’attaque des virus responsables de la grippe aviaire. Les individus touchés transmettent le virus très rapidement à leurs semblables. Toute la ferme se retrouve vite avec des symptômes de grippe, mais qui est particulièrement mortelle chez les volailles.  

Les risques de contaminations chez l’homme

Pour le moment, aucune situation alarmante n’est à signaler, puisque la grippe aviaire se transmet seulement d’oiseau à oiseau. Cependant, des cas isolés sont rapportés. Les scientifiques redoutent surtout qu’à force de sévir au fil des années dans le silence, ce virus puisse se développer ou muter en une forme plus virulente qui cette fois-ci serait transmissible d’oiseau à humain, puis d’humain à humain. Nous savons pourtant que ce virus est hautement mortel.

Les dégâts économiques

Chaque année, particulièrement lors des épizooties graves, les éleveurs et producteurs de foie gras français subissent des pertes de l’ordre de plusieurs centaines de millions d’euros. En effet, pour éviter que le virus n’attaque toute la ferme, il faut abattre les individus dès que les symptômes apparaissent. Mais dans ce cas, ce sont déjà des centaines voire des milliers qu’il faille éliminer. Sans compter le fait qu’une telle mauvaise publicité nuit fortement à l’image du produit français.

Le vaccin contre la grippe aviaire : un sujet controversé en France

Si le ministre de l’Agriculture propose la vaccination des animaux domestiques sans cligner de l’œil, les éleveurs ont des avis partagés sur le sujet.

2 types de vaccin à l’essai

L’épizootie de cette année est particulièrement dévastatrice. Près de 3 millions de volailles ont dû être abattues, dont la plupart dans le Sud-ouest, spécifiquement dans les landes. Face à l’urgence de la situation, le Ministre de l’Agriculture propose la vaccination des volailles pour en finir avec influenza aviaire. Il a d’ailleurs mené l’affaire devant la Commission européenne en vue d’en obtenir l’approbation, pour une sortie à l’horizon 2023.

À ce jour, nous savons que deux vaccins contre le virus H5 sont en gestation. L’un est concocté par un laboratoire de Nouvelle-Aquitaine. Ces vaccins sont actuellement en phase de test et d’expérimentation. À noter que le vaccin existe pour les gallinacés comme le poulet et les dindes, mais pas pour les palmipèdes, dont les oies et les canards.

Le vaccin contre le virus de la grippe aviaire ne fait pas l’unanimité

La question de la vaccination contre la grippe aviaire est un sujet délicat. D’une part, les scientifiques reconnaissent la complexité technique de la vaccination. En effet, la nature même du virus implique un très grand nombre de variants du virus. Il faudrait donc pouvoir identifier le bon vaccin pour chacun de ces variants. Il faudra aussi déterminer le variant présent sur chaque région pour pouvoir en apporter la solution adéquate. De plus, la vaccination implique que les individus deviennent des porteurs sains du virus. Ce qui risque de le faire se développer encore plus rapidement et de manière plus agressive avec des possibilités de mutations qu’il serait alors difficile de contrôler.

D’autre part, du point de vue économique, la vaccination comporte plusieurs risques. D’abord, le coût serait plus élevé par rapport aux autres solutions, puisqu’il ne sera pas gratuit et il impliquera par la suite certains suivis qui engendreront d’autres coûts. Il faudra contrôler périodiquement les volailles qui ne montreront plus forcément des signes physiques de la maladie par différents tests et contre tests. Ensuite, la vaccination des volailles aura un impact certain sur le marché français. En effet, certains pays comme l’Arabie Saoudite, la Corée du Sud, la Grande-Bretagne, et les États-Unis refusent d’acheter ou de consommer les volailles vaccinées. Ce serait alors une grosse perte pour le secteur.

La décision finale sur la vaccination des produits de basse-cour est donc une affaire qui reste à suivre.