L’agriculture régénérative, ou agriculture régénératrice, constitue une approche agricole novatrice axée sur la régénération et la préservation des écosystèmes. S’inspirant de traditions agricoles ancestrales et de la permaculture, cette méthode se concentre sur l’amélioration de la qualité des sols, l’augmentation de la biodiversité et la lutte contre les changements climatiques grâce à une meilleure séquestration du dioxyde de carbone.
Table des matières
Origine et terminologie
Le concept trouve ses origines auprès de Robert Rodale, figure emblématique ayant joué un rôle crucial dans la popularisation de l’agriculture biologique et régénérative. Son travail au sein de l’Institut Rodale a été déterminant pour sensibiliser à des pratiques agricoles respectueuses de l’environnement, sans produits chimiques, favorisant ainsi la régénération des sols et des écosystèmes.
Concernant la terminologie, agriculture régénérative est un terme dérivé de l’anglais « regenerative agriculture ». Cependant, le terme plus académiquement correct en français serait agriculture régénératrice, bien que l’usage tende à privilégier la première appellation.
Principes fondamentaux
Cette approche repose sur plusieurs principes clés, souvent alignés avec l’agro-écologie et la permaculture, tels que :
Rotation et diversification des cultures
- Rotation des cultures : alternance des types de cultures sur une même parcelle d’une année sur l’autre pour briser les cycles de maladies et de ravageurs, améliorer la structure du sol et optimiser les nutriments.
- Culture intercalaire et polyculture : plantation de plusieurs types de cultures ensemble pour imiter la diversité des écosystèmes naturels, réduire la pression des parasites, améliorer l’utilisation de l’espace et des nutriments et augmenter la biodiversité.
Gestion de la couverture végétale
- Couverture permanente du sol : utilisation de cultures de couverture ou de paillage pour protéger le sol de l’érosion, conserver l’humidité, augmenter la fertilité du sol et promouvoir la vie microbienne.
- Non-labour et travail minimal du sol : limitation du retournement du sol pour préserver sa structure, réduire l’érosion et favoriser l’activité biologique du sol.
Agroforesterie
- Intégration d’arbres dans les systèmes agricoles : plantation d’arbres et de cultures ensemble pour créer des systèmes symbiotiques qui améliorent la biodiversité, stockent le carbone, protègent contre les vents et optimisent l’usage de l’eau.
Gestion intégrée des nuisibles
- Contrôle biologique : utilisation de prédateurs naturels, parasites ou agents pathogènes pour réduire les populations de ravageurs sans recours aux pesticides chimiques.
- Gestion écologique : adoption de pratiques qui minimisent l’impact sur les ravageurs tout en favorisant les ennemis naturels de ces derniers.
Élevage intégré
- Intégration de l’élevage dans les systèmes de culture : utilisation des animaux pour amender naturellement le sol (par le pâturage, le fumier) et pour gérer les résidus de récolte, créant un cycle fermé de nutriments.
Conservation et gestion de l’eau
- Pratiques de conservation de l’eau : Techniques telles que le paillage, l’irrigation au goutte-à-goutte et la capture de l’eau de pluie pour maximiser l’efficacité de l’utilisation de l’eau.
- Aménagements hydrauliques : Création de structures telles que des bassins de rétention et des terrasses pour contrôler l’écoulement de l’eau, réduire l’érosion et augmenter la pénétration de l’eau dans le sol.
L’agriculture régénératrice face à l’agriculture conventionnelle
Face aux défis environnementaux actuels, l’agriculture régénératrice offre une alternative durable à l’agriculture conventionnelle, marquée par un bilan carbone préoccupant, avec 19% des émissions nationales lui étant attribuées. Née dans le contexte post-Première Guerre mondiale pour répondre à une demande alimentaire croissante avec une main-d’œuvre réduite, l’agriculture conventionnelle a misé sur la mécanisation et l’utilisation intensive d’intrants chimiques.
Ces pratiques ont conduit à une dégradation progressive de la biodiversité et des sols, transformant ces derniers en sources plutôt qu’en puits de carbone, contribuant ainsi à un quart des émissions globales de gaz à effet de serre.
En revanche, l’agriculture régénératrice, en privilégiant la rotation des cultures, l’agroforesterie, et la couverture permanente des sols, non seulement réduit significativement les émissions de gaz à effet de serre mais favorise également la séquestration du carbone dans les sols.
Cette approche, profondément respectueuse de l’environnement et de la santé humaine, se révèle être une solution viable face à l’urgence climatique, incarnant une voie vers le développement durable et jouant un rôle crucial dans la lutte contre le réchauffement climatique.
Avantages
Les avantages de l’agriculture régénérative incluent la restauration de la fertilité des sols, une meilleure rétention d’eau et de nutriments, ainsi qu’une réduction significative des émissions de CO2 grâce à une plus grande capacité des sols à séquestrer le carbone. Cette approche favorise également une biodiversité accrue, rendant les systèmes agricoles plus résilients face aux conditions climatiques extrêmes, tout en diminuant l’usage de produits chimiques et la pollution de l’eau et de l’air.
Les avantages de l’agriculture régénérative sont multiples, impactant positivement les sols, les écosystèmes, la biodiversité, le climat, ainsi que les communautés agricoles et la société dans son ensemble. Voici une exploration approfondie de ces bénéfices :
Amélioration de la santé et de la fertilité des sols
- Enrichissement en matière organique : les pratiques régénératives augmentent la quantité de matière organique dans les sols, ce qui améliore leur structure, leur aération et leur capacité à retenir l’eau et les nutriments.
- Réduction de l’érosion : la couverture végétale permanente et le non-labour aident à protéger le sol contre l’érosion par le vent et l’eau.
- Augmentation de la biodiversité microbienne : les sols sains abritent une vaste communauté microbienne qui joue un rôle clé dans les cycles des nutriments, aidant à rendre les sols plus fertiles et résistants aux pathogènes.
Séquestration du carbone
- Réduction des gaz à effet de serre : en capturant et en stockant le dioxyde de carbone atmosphérique dans les sols et la biomasse végétale, l’agriculture régénérative contribue à la lutte contre le changement climatique.
- Amélioration de la capacité d’adaptation et d’atténuation : des sols plus riches en carbone sont plus résilients aux changements et extrêmes climatiques, tels que sécheresses et inondations.
Conservation de l’eau
- Amélioration de la rétention d’eau : les sols riches en matière organique retiennent mieux l’eau, réduisant le besoin d’irrigation et améliorant la résilience des cultures aux périodes de sécheresse.
- Qualité de l’eau : la réduction de l’utilisation d’engrais et de pesticides chimiques diminue la pollution des cours d’eau, préservant ainsi la qualité de l’eau pour les écosystèmes et les communautés humaines.
Biodiversité
- Soutien à la biodiversité : la diversification des cultures et l’intégration de structures végétales variées, comme les haies et les arbres en agroforesterie, créent des habitats pour de nombreuses espèces animales et végétales.
- Résilience écologique : un environnement plus bio et équilibré est plus résistant aux ravageurs et maladies, réduisant ainsi la dépendance aux interventions chimiques.
Avantages socio-économiques
- Rentabilité : malgré les investissements initiaux nécessaires pour la transition vers des pratiques régénératives, les agriculteurs peuvent observer une réduction des coûts liés aux intrants chimiques et une amélioration de la productivité à long terme.
- Sécurité alimentaire : l’amélioration de la santé des sols et de la biodiversité peut conduire à une production alimentaire plus stable et diversifiée, contribuant à la sécurité alimentaire locale et globale.
- Bien-être des communautés agricoles : les pratiques régénératives peuvent renforcer l’autonomie des agriculteurs et leur résilience économique, améliorant ainsi leur qualité de vie et celle de leur communauté.
Labels et certifications
Actuellement, il n’existe pas de label spécifique à l’agriculture régénératrice en France. Néanmoins, des certifications telles que le label Agriculture Biologique (AB) recouvrent partiellement ses principes en excluant l’usage de pesticides et d’engrais chimiques, tout en favorisant la rotation des cultures et une gestion durable des sols. Des discussions ont eu lieu autour de la création d’un label spécifique, mais aucune norme définitive n’a émergé.
L’agriculture régénérative propose donc une vision à long terme pour une agriculture productive tout en étant protectrice des écosystèmes, marquant une rupture significative avec les pratiques agricoles conventionnelles qui épuisent les ressources naturelles.