Le monde agricole, essentiel à notre alimentation et à l’économie, est souvent sujet à des débats sur les revenus de ses acteurs. Un regard sur les revenus des agriculteurs en France et en Europe révèle des tendances intéressantes et des disparités notables. Cet article se propose de faire le point sur la situation actuelle, à savoir le salaire d’un agriculteur en 2024, basée sur les dernières données disponibles.
Table des matières
Les derniers chiffres des salaires en 2024
En France, le salaire médian dans le secteur agricole est de 24 000 euros annuellement, soit environ 13,19 euros l’heure en 2024. Les professionnels débutants dans ce domaine peuvent s’attendre à un salaire de départ aux alentours de 21 720 euros par an. En revanche, les agriculteurs avec une expérience significative peuvent atteindre des rémunérations allant jusqu’à 35 000 euros par an.
Les grands changements pour les agriculteurs en 2024
Augmentation du Smic en 2024
À partir du 1er janvier 2024, le Smic connaîtra une hausse de 1,13 %, soit un accroissement de 15 euros nets mensuels. Désormais, le Smic mensuel brut sera de 1 766,92 € (soit 1 398,69 € nets pour 35 heures par semaine), avec des taux horaires nets et bruts respectifs de 9,22 € et 11,65 €.
Revalorisation des Pensions de Retraite en 2024
- Retraités de la MSA : augmentation de 5,2 % sur les pensions de base, soit un ajout de 41,6 euros pour une pension moyenne de 800 € mensuels, applicable à partir du 9 février 2024.
- Salariés agricoles (Agirc-Arrco) : hausse de 4,9 % dès le 1er novembre 2023.
- Non-salariés agricoles : augmentation de la pension RCO de la MSA avec le point RCO passant de 0,3614 euro à 0,3642 euro dès le 1er janvier 2024.
- Allocation de solidarité aux personnes âgées (Aspa) : revalorisation de 5,2 %, montant passant à 1 011,06 € par mois pour une personne seule, et 1 569,67 € pour un couple.
Hausse des Taxes sur le GNR
La TICPE non remboursable sur le gazole non routier (GNR) augmentera de 2,85 centimes d’euros, passant de 3,86 centimes d’euros à 6,71 centimes d’euros par litre au 1er janvier 2024.
Augmentation des plafonds de la DEP
Pour 2024, les plafonds de déduction pour l’épargne de précaution (DEP) augmentent. Ainsi, les exploitants agricoles avec un bénéfice imposable de plus de 120 771 euros pourront bénéficier d’une déduction de 50 000 euros.
Hausse des seuils d’exonération pour les Plus-values Professionnelles Agricoles
- Exonération totale : seuil rehaussé de 250 000 à 350 000 €.
- Exonération partielle : de 350 000 à 450 000 €.
Revalorisation du plafond pour le régime Micro-bénéfice Agricole
Le plafond pour le régime de micro-bénéfice agricole est relevé de 91 900 euros à 120 000 euros de recettes sur trois années consécutives.
Déduction fiscale de 150 € par Vache
Instauration d’une déduction fiscale de 150 euros par vache inscrite au stock pour les éleveurs augmentant leur stock de vaches laitières et allaitantes de plus de 10% sur un an, dans la limite de 15 000 euros.
Prolongation du crédit d’Impôt HVE
Prorogation du crédit d’impôt de 2500 euros pour les entreprises agricoles certifiées à haute valeur environnementale (HVE) valide au 31 décembre 2023 ou délivrée en 2024.
Fin du crédit d’impôt glyphosate
Non-adoption de la prorogation du crédit d’impôt pour la sortie du glyphosate pour 2024, les exploitations agricoles renonçant à l’utilisation de glyphosate ne bénéficieront pas de 2500 euros de crédit d’impôt.
Poursuite du crédit d’Impôt Bio
Les entreprises réalisant au moins 40% de leurs recettes de l’agriculture biologique en 2023 bénéficieront d’un crédit d’impôt de 4500 euros en 2024.
Hausse du crédit d’impôt pour remplacement
Augmentation du crédit d’impôt à 60 % des dépenses de remplacement (contre 50% précédemment), et à 80% pour remplacement en cas de maladie ou accident du travail, dans la limite de 17 jours par an (contre 14 jours précédemment).
Délai pour le conseil stratégique phytosanitaire
Délai supplémentaire accordé jusqu’au 31 décembre 2027 (et 2028 pour les DOM) pour obtenir un certiphyto provisoire, sous certaines conditions.
Calendrier avancé des négociations commerciales
Loi du 17 novembre 2023 avançant le cycle des négociations commerciales, avec une date butoir au 15 janvier 2024 pour PME et au 31 janvier 2024 pour grands industriels.
Indemnisation des dégâts de grands gibiers
Indemnisation simplifiée pour les agriculteurs face aux dégâts de grands gibiers, avec un seuil unique de 150 euros par exploitation et par an, et extension de la période de chasse aux sangliers jusqu’en mai.
Revenu moyen des agriculteurs en Europe
Selon un rapport de la Commission européenne, le revenu moyen des agriculteurs européens a connu une hausse significative. En 2021, il s’élevait à 28 800 euros par travailleur, marquant une augmentation de 56 % depuis 2013. Cette croissance est attribuée à une augmentation rapide de la valeur de la production agricole, surpassant la hausse des coûts.
Il existe des disparités régionales marquées en termes de revenus agricoles au sein de l’UE. Les revenus les plus élevés se trouvent dans le nord-ouest (Danemark, ouest de l’Allemagne, Pays-Bas, nord de la France), tandis que les revenus les plus faibles sont observés dans les pays de l’Est (Roumanie, Slovénie, Croatie, est de la Pologne).
Le salaire d’un agriculteur en France
En France, le revenu moyen annuel d’un agriculteur est estimé en 2023, à 30 360 euros (environ 2 530 euros par mois), incluant les subventions et aides (très important). Cependant, ce chiffre cache des disparités importantes. Par exemple, les éleveurs d’ovins et de caprins ont le revenu mensuel moyen le plus bas, à 1 160 euros bruts. Environ 20% des agriculteurs français ne déclarent aucun revenu ou sont endettés, dépendant alors du RSA.
Les revenus varient grandement selon le type d’agriculture pratiqué. Les producteurs de porcs et de volailles, malgré une baisse des prix et une hausse des coûts, affichent des revenus moyens plus élevés (43 400 euros par an) que d’autres secteurs. À l’opposé, l’élevage de viande bovine stagne à environ 17 700 euros annuels. Les céréaliers, producteurs de pommes de terre ou de betteraves, se distinguent avec des revenus atteignant 79 800 euros bruts par an.
Insee Première n° 1876, octobre 2021
Une grande disparité selon les secteurs
En 2018, selon l’Insee Première n° 1876 d’octobre 2021, les revenus des ménages agricoles variaient considérablement en fonction de leur production dominante. Les grandes cultures spécialisées, comme la céréaliculture, les plantes oléagineuses et protéagineuses, ainsi que la viticulture, étaient parmi les plus rémunératrices. Ces ménages agricoles généraient en moyenne 28 200 euros de revenus agricoles, représentant 40 % de leurs ressources totales. Cette situation s’explique en partie par la Politique agricole commune (PAC), qui depuis 1992 a compensé les marchés dérégulés, notamment les cultures céréalières.
Cependant, le maraîchage et l’horticulture se distinguent dans ce paysage. Bien que les agriculteurs dans ces secteurs gagnent globalement 30 % de plus que le revenu disponible moyen de tous les ménages agricoles, les revenus directement issus du maraîchage ou de l’horticulture sont relativement faibles, ne représentant qu’un cinquième de leurs ressources (environ 13 100 euros en 2018). Ils bénéficient toutefois de sources de revenus supplémentaires, notamment des salaires et des revenus du patrimoine.
Pour les éleveurs de vaches laitières ou de granivores (volaille, porc, etc.), la situation est légèrement meilleure. Leurs revenus agricoles s’élèvent respectivement à 17 000 et 21 200 euros par an, constituant 38 % et 43 % de leurs revenus totaux. Toutefois, dans les territoires d’élevage laitier, il est plus difficile pour ces ménages de percevoir d’autres revenus en raison des contraintes quotidiennes liées à l’exploitation.
En revanche, les revenus des foyers pratiquant l’élevage bovin pour la viande sont parmi les plus bas. En 2018, cette activité n’a rapporté que 11 340 euros sur les 36 060 euros de revenu disponible annuel moyen. Le secteur de la viande bovine est particulièrement touché par la concurrence internationale, notamment celle des pays sud-américains (Argentine et Brésil) et nord-américains, exacerbée par des différences de niveaux de compétitivité et de coûts.
Le rapport de l’INSE sur le niveau de vie des ménages agricoles
En France, trois quarts des agriculteurs exploitants sont des hommes, et plus de la moitié ont 50 ans ou plus. Le niveau de vie médian des ménages agricoles est comparable à celui de l’ensemble des ménages avec des revenus d’activité, mais les disparités au sein des ménages agricoles sont plus marquées, et ils sont plus souvent touchés par la pauvreté monétaire.
En moyenne, seul un tiers des ressources des ménages agricoles provient de l’activité agricole. La majorité de leurs revenus proviennent d’autres activités, notamment celles du conjoint, et un cinquième sont issus du patrimoine, principalement sous forme de fermages. Cette répartition varie grandement selon l’orientation agricole des territoires.
Les revenus agricoles sont généralement plus faibles dans les territoires d’élevage que dans ceux de production végétale, et sont particulièrement bas dans les territoires d’élevage de bovins viande. En revanche, ils sont souvent plus élevés dans les territoires viticoles et ceux combinant diverses grandes cultures.